Communiqué de presse

La Belgique renforce sa position de leader de l'innovation en Europe

La Commission européenne a publié le 22 septembre le nouvel European Innovation Scoreboard. Ce rapport classe chaque année les États membres de l'Union européenne et les pays ayant des liens étroits avec l'Union européenne en fonction de 32 indicateurs par rapport à leurs efforts en matière d'innovation. Les indicateurs couvrent différents aspects de la politique d'innovation, allant de l'investissement dans la recherche et le développement, de l'utilisation des technologies de l'information, du capital humain disponible, aux politiques en matière de propriété intellectuelle et de durabilité.

Seuls cinq pays européens font partie du groupe de tête, les leaders de l'innovation. La Suisse occupe la première place, suivie de trois pays scandinaves : la Suède, la Finlande et le Danemark. La Belgique occupe la dernière place de ce groupe de tête. Elle fait donc mieux que dans l'édition précédente du rapport. Elle devance également les Pays-Bas, qui occupent la première place du groupe des "innovateurs forts", c'est-à-dire le groupe de pays juste en-dessous du groupe de tête.

Après une analyse approfondie des résultats, on constate que La Belgique occupe ainsi la cinquième place de la dernière édition. Mais, au-delà, il est encore plus important de constater que, depuis 2014, la Belgique a montré une augmentation continue de l'indicateur composite qui sous-tend ce classement. En particulier, la forte augmentation entre 2020 et 2021 a permis à la Belgique de renforcer sa position relative par rapport aux autres pays.

« La Belgique est une terre de recherche et d’innovation. Sa 5ème place dans le EU Innovation scoreboard et sa 2ème place en termes d’intensité de R&D sont des performances remarquables. Ces scores sont les fruits d’importants investissements publics et privés, d’une conviction partagée par tous les acteurs que notre avenir passe par la RDI. Continuons à progresser dans ces domaines et ces classements. Au rythme actuel, nous pouvons devenir rapidement les champions d’Europe », insiste Thomas Dermine, Secrétaire d’Etat en charge de la politique scientifique.

Il est dès lors frappant de constater que la Belgique surpasse ses voisins et également ses principaux partenaires commerciaux (Allemagne, Pays-Bas, France et Royaume-Uni). Ces pays, qui correspondent à la région géographique de l'Europe occidentale, sont catégorisés dans le groupe des innovateurs forts. Les autres pays d'Europe appartiennent aux deux catégories restantes, à savoir les innovateurs modérés et émergents. En gros, le groupe des innovateurs modérés correspond aux pays du Sud (à l'exception de la République tchèque et de l'Estonie) et les pays d'Europe de l'Est forment le groupe des innovateurs émergents. 

Le fait que la Belgique ait pu encore renforcer sa position est largement dû à la forte augmentation des dépenses de recherche et développement (R&D). Depuis 2012, les dépenses de R&D ont augmenté de 72 %. Ces investissements sont principalement réalisés par les entreprises ; elles représentent 74% des investissements en R&D en Belgique. La part des autres secteurs est de 16% dans l'enseignement supérieur, de 9% dans les institutions de recherche financées par des fonds publics et d'un peu moins de 1% dans le secteur privé à but non lucratif. En 2019, avec une part des investissements en R&D dans le produit intérieur brut de 3,16 %, la Belgique a également atteint pour la première fois la norme des 3 %. En 2020, l'intensité de R&D a encore augmenté pour atteindre 3,48 %. Dans la lignée de ces observations, il convient également de noter que le soutien public à la R&D dans le secteur des entreprises affiche également une tendance à la hausse au cours de la même période.

Outre la forte augmentation des dépenses de R&D, on peut noter que les dépenses d'innovation hors R&D ont également augmenté. Bien que cette augmentation soit moins prononcée, elle montre néanmoins clairement que les entreprises investissent non seulement dans l'élargissement de leur potentiel de connaissances, mais aussi dans des innovations concrètes au niveau de leur fonctionnement et de leur gamme de produits.

Les investissements ne pouvant être rentabilisés sans la présence de travailleurs capables d'exploiter les évolutions technologiques pour développer de nouveaux produits et processus, il est nécessaire pour un pays de disposer d'un nombre suffisant de travailleurs qualifiés. La Belgique obtient également de bons résultats à cet égard, puisque la proportion de personnes titulaires d'un doctorat a augmenté. En matière d'éducation et de formation tout au long de la vie, des progrès restent à faire, la Belgique se situant en dessous de la moyenne européenne.

Bien que les investissements en R&D en Belgique soient largement concentrés dans les grandes entreprises, le rapport montre que les PME ont également fortement augmenté leurs efforts d'innovation. Par exemple, il met en évidence que le nombre de PME ayant des innovations de produits et de processus est élevé par rapport aux autres pays. (Les innovations de processus comprennent toutes sortes d'innovations mises en œuvre au niveau du fonctionnement d’une entreprise, que ce soit dans les domaines de la production, de la logistique, du marketing, des ressources humaines ou de l'informatique).

En contraste avec ces évolutions positives, une certaine prudence s'impose néanmoins dans un certain nombre de domaines dans lesquels la Belgique obtient des résultats inférieurs à la moyenne. Le rapport souligne une utilisation plus limitée des droits de propriété intellectuelle dans notre système d'innovation et une part plus faible des biens et services innovants dans les exportations. Ce dernier point mérite une certaine attention, étant donné que la Belgique a une économie orientée vers l'exportation.

Outre les caractéristiques du système d'innovation en Belgique décrites dans ce document, on observe également un certain nombre d'évolutions au niveau européen. Ainsi, on constate qu'un nombre croissant d'entreprises ne mènent plus leurs activités d'innovation en coopération avec d'autres partenaires, mais optent plutôt pour une stratégie d'innovation menée purement en interne. Cela pourrait être le signe d'un revirement de la politique d'open innovation, les entreprises s'engageant moins dans de larges partenariats.

Cela fait également écho à une autre faiblesse relative de la Belgique enregistrée par l'European Innovation Scoreboard : la création d'interactions dans le système d'innovation. Alors que les copublications entre partenaires publics et privés se situent toujours à un niveau très élevé par rapport à la moyenne européenne, la coopération des PME innovantes avec d'autres partenaires affiche une tendance à la baisse. Enfin, il faut noter que la mobilité du personnel hautement qualifié est inférieure à la moyenne européenne.