Restitution d'un tableau spolié et inauguration de deux salles thématiques aux Musées royaux des Beaux-Arts
Ce jeudi 10 février 2022 à 11h a eu lieu la restitution d'un tableau spolié à une famille juive pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce jeudi 10 février 2022 à 11h a eu lieu la restitution d'un tableau spolié à une famille juive pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après plusieurs années de recherches, et après la mise en ligne d'un site web dédié aux biens culturels pillés, les propriétaires du tableau « Fleurs » (1913) du peintre expressionniste Lovis Corinth ont enfin pu être identifiés. La peinture fut volée au couple juif Gustav & Emma Mayer par l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) en Belgique, pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'œuvre fut récupérée par Leo Van Puyvelde après la libération de Bruxelles et transférée à l'Office de Récupération Économique qui l'a confiée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) en 1951. Septante et un ans plus tard, le tableau de Corinth a été officiellement restitué aux descendants du couple Mayer par les MRBAB, en présence du Secrétaire d'État à la politique scientifique, Thomas Dermine. Celui-ci a déclaré : « Cette restitution d'un tableau spolié à une famille juive pendant la guerre est un signal très fort. Le signal que, même des décennies plus tard, la justice peut triompher. » Michel Draguet, directeur général du musée, a ajouté: «C'est un moment symbolique important, chargé en émotions. C'est bouleversant de voir une oeuvre quitter les collections du musée, mais nous sommes également heureux et émus de voir enfin ce tableau entre les mains de ses propriétaires légitimes. »
Parallèlement s'ouvrent aux Musées royaux des Beaux-Arts deux nouvelles salles d'exposition.
L'une contextualise le sujet des biens culturels pillés pendant la Seconde Guerre mondiale, une problématique plus vaste et complexe que le seul cas du tableau de Corinth.
L'autre salle apporte un éclairage scientifique sur les questions de colonialisme et de diversité. Au coeur de cette salle est placé un chef-d'oeuvre de Rubens et une copie réalisée par Constantin Meunier dont les titres viennent d'être modifiés. La question du changement de titre est ici centrale.
Les MRBAB se veulent un laboratoire de réflexion. L'objectif étant de participer à la construction du musée de demain, en insistant sur ce que la recherche scientifique, mission primordiale du musée, peut apporter au débat contemporain.
Par ailleurs les œuvres d’art spoliées par les nazis en Belgique désormais dans une base de données en ligne
Un nombre incalculable d’œuvres d’art ont été spoliées par le régime nazi durant la seconde guerre mondiale. Afin de retrouver ces œuvres en vue de les restituer à leurs propriétaires légitimes, le SPF Economie lance un site internet qui reprend près de 2.800 fiches numérisées.
L’Histoire nous rappelle régulièrement, au travers d’événements, de commémorations et d’anniversaires, notre devoir de mémoire envers les victimes de la barbarie nazie.
Ce devoir de mémoire se traduit de bien des manières, et passe notamment par la restitution à leurs propriétaires légitimes des œuvres d’art spoliées durant la seconde guerre mondiale.
Dans notre pays, près de 3.000 œuvres (tableaux, sculptures, meubles, objets archéologiques, etc.) ont été déclarées spoliées auprès de l’Office de Récupération économique (ORE) après la guerre. À ce jour, elles n’ont pas encore été retrouvées ou restituées à leurs propriétaires légitimes, souvent descendants des victimes du régime hitlérien.
C’est la raison pour laquelle le SPF Economie met en ligne une base de données relatives à ces œuvres perdues. Celle-ci contient des informations sur les œuvres d'art spoliées à des particuliers et institutions publiques belges sous l’Occupation, lors de la seconde guerre mondiale.
Les données ont été répertoriées sur la base des formulaires de déclaration originaux et d'autres documents d'archives de l'ancien ORE.
« Le fait que les atrocités impensables du régime nazi soient irréparables ne nous dispense pas du devoir de continuer à rechercher la justice » a commenté ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne. « La base de données en ligne aidera les proches des victimes de l'occupation nazie, les chercheurs, les musées, le commerce de l'art et le grand public à identifier les œuvres d'art pillées pendant la seconde guerre mondiale qui n'ont pas encore été retrouvées. Celles-ci pourront alors, des décennies plus tard, retrouver leurs propriétaires légitimes. »
Un peu d’histoire…
Bien avant le déclenchement de la guerre, dès 1933, sous le Troisième Reich, des services du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (communément appelé « parti nazi ») entreprennent le pillage et la confiscation de biens publics ou privés dans chaque pays qu’ils occupent ainsi que la spoliation des Juifs.
Le régime nazi fait coup double en dépouillant les Juifs de leurs biens d’une part ; en se constituant un « trésor culturel de guerre » d’autre part.
À la fin de la guerre, plusieurs milliers d’objets et œuvres d’art ont été récupérés en Allemagne par les armées alliées. Une série d’entre eux ont été remis à leurs propriétaires légitimes ou ayant droits, mais d’autres ont connu un destin plus complexe : vente aux enchères, conservation en musée, perte…
C’est dans ce contexte que l’Office de Récupération économique (ORE) fut créé en 1944. L'ORE était chargé de localiser, récupérer et restituer des biens meubles en Belgique ou à l'étranger, qui avaient disparu du domaine public ou privé belge pendant la seconde guerre mondiale.
Toute personne ayant perdu des œuvres d'art pendant la seconde guerre mondiale ou disposant d'informations à leur sujet était tenue de le signaler à l'ORE.
L'ORE a utilisé des formulaires de déclaration internes pour retrouver et récupérer les objets d'art spoliés. C’est ainsi qu’il a été possible de récupérer plusieurs dizaines d'œuvres d'art, dont des chefs-d’œuvre de l'histoire de l'art tels que l'Agneau mystique, le célèbre retable des frères Van Eyck.
Après la dissolution de l'ORE, les formulaires de déclaration ont été conservés au SPF Economie, qui les a officiellement transférés aux Archives de l'État en 2011.