Un masque kakuungu remis par le Roi Philippe, témoin de la volonté de la Belgique de contribuer à la reconstitution et à la valorisation du patrimoine culturel congolais
A l’occasion de la visite royale au Musée national de la République démocratique du Congo (MNRDC) ce mercredi 8 juin, le Roi Philippe a remis solennellement un masque kakuungu de l’ethnie Suku au musée national en présence du couple présidentiel congolais.
Le masque kakuungu est un masque géant de plus de 130 cm. Sa parure complète est très impressionnante. Il s’agit d’une pièce exceptionnelle. Les masques kakuungu étaient utilisés pendant les rites d’initiation par les Suku pour protéger les jeunes contre toute menace. Il n’en existe plus qu’une vingtaine à travers le monde dont 18 font partie de l’inventaire des collections de l’Africamuseum de Tervuren.
A travers ce retour, la Belgique entend témoigner de sa volonté de contribuer à la reconstitution et à la valorisation du patrimoine culturel congolais.
Cet objet fait l’objet d’un prêt de longue durée du Musée Royal de l’Afrique centrale à Tervuren au Musée National de Kinshasa. Il marque le début symbolique d’un renforcement dans la collaboration scientifique et muséale entre la Belgique et la République Démocratique du Congo.
Plus largement, ce retour s’inscrit dans le contexte du travail de mémoire et de réconciliation entamée en Belgique depuis plusieurs années qui s’est notamment matérialisé par la mise en place d’une commission parlementaire sur le passé colonial dont les travaux se poursuivent actuellement.
Par ailleurs, la Belgique a récemment ouvert la voie à des restitutions du patrimoine africain issus du passé colonial - qui se trouve actuellement dans ses collections. Cette possibilité, lorsqu’elle sera ouverte en droit belge, devra être mise en œuvre au travers d’un traité entre la Belgique et la République démocratique du Congo encore à conclure.
Ce vendredi 3 juin 2022, la Commission de la Mobilité, des entreprises publiques et des institutions fédérales du parlement fédéral a adopté en deuxième lecture le projet de loi "reconnaissant le caractère aliénable des biens liés au passé colonial de l'État belge et déterminant un cadre juridique pour leur restitution et leur retour".
Ce projet de loi porté par le secrétaire d’Etat chargé de la Politique scientifique Thomas Dermine vise à créer un cadre permettant à l'État de restituer des biens acquis pendant la période coloniale à leur pays d’origine, notamment les biens acquis de manière illégitime. Les biens visés sont ceux présents dans les collections muséales et les établissements scientifiques fédéraux.
Pour être restituable, le bien devra, en principe, avoir été acquis par l'État belge ou un établissement scientifique fédéral, durant la période coloniale, soit avant la date de l'indépendance du Congo (30 juin 1960), du Rwanda ou du Burundi (1er juillet 1962).
L'examen de la restitution se fera sur demande expresse de l'État d'origine, qui sera associé aux travaux. Le projet de loi s'inscrit dans la volonté de conclure, par le biais de traités, des accords bilatéraux de coopération scientifique et culturelle avec les États d'origine.
« Au travers de ce projet de loi, nous entendons lever les derniers obstacles juridiques pour permettre la restitution et le retour d’œuvres d’art africain à leurs Etats d’origine. Nous contribuons ainsi à la reconstitution de leur patrimoine national. Cette étape marque le début d’un processus conjoint qui s’appuiera sur l’expertise et la méthode scientifique pour approfondir la compréhension de notre histoire commune », précise Thomas Dermine.